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Chaque homme dans sa nuit
30 mars 2006

I ain't no queer

brokeback_mountain_wallpaper_2En revoyant l'autre jour Le secret de Brokeback mountain en version originale, j'ai été surpris de l'extrême difficulté à suivre Heath ledger qui marmonne entre les dents un américain avec un fort accent.

Je reviens sur l'explication qu'Ennis Del mar donne à son ami, après leur première nuit sous la tente. Très vite, il se défend: " I ain't no queer", "Je ne suis pas pédé". "Moi non plus " s'empresse d'ajouter Jack. Pendant très longtemps il n'y eut pas pire injure dans les cours de récréation, les stades, les ateliers d'usine ou les bureaux  que cette insulte: "pédé", généralement prononcée avec tout le mépris possible, soulevant la réprobation générale, déchaînant une avalanche de quolibets . Combien d'adolescents ont été blessés à mort par ce mot qui condamnait toute leur vie affective,flétrissait leur moindre désir, les emmurant dans un silence solitaire ou les poussant ainsi qu'Ennis et Jack à nier ce qu'ils étaient. Ennis gardera très longtemps cette attitude de négation et de distance: "Tu sais ce qu'ils cherchent au Mexique, les types comme toi" dira-t-il à son ami vingt ans plus tard. "I ain't no queer". La haine est elle à ce point forte qu'elle s'immisce chez ceux-mêmes qui en sont les victimes?

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Commentaires
V
Deux satellites bien nommés de Mars, la planète rouge, le dieu de la guerre. La peur et la crainte. J'y rajouterai le dégoût. L'idée que les choses privées "autres" sont dégoutantes, répugnantes, "contre-nature". La nature, la vraie, nous affirme le contraire et ne cache pas ses ébats dans la chambre close, la couche aux lumières éteintes. Nous ne sommes pas assez dionysiens.
C
Salut Marc,<br /> Intéressante analyse de l'homophobie, comme peur du semblable étymologiquement.<br /> chaque homme
M
Dans les écoles du Québec le plus souvent, c'était «fifi» ou «tapette». Ces mots dont le sens renvoie moins clairement à une "déviation" sexuelle que «pédé» ; mais qui disent tout de même le mépris machiste de l'autre sexe. La haine qui s'exprime dans ces mots est un détournement, une vraie perversion à mon avis, car elle masque l'effroi.<br /> <br /> LA PEUR : et si celui que je dis mépriser n'était pas si différent de moi mais bien plus semblable que je n'ose l'envisager ? ; LA HAINE : et celui-ci, facile à détester on en conviendra tous, ne risque-t-il pas de provoquer l'effondrement de ma muraille. Il vaut donc mieux que je le haïsse copieusement, exagérément.<br /> <br /> Le malheur, en effet, c'est que les jeunes visés par la peur/la haine (qui est toujours une peur détournée - une homoPHOBIE c'est-à-dire peur du semblable) ne savent pas qu'on se sert d'eux comme bouclier devant l'ennemi. <br /> <br /> La peur/la haine est un pandémie impossible à faire disparaître apparamment. Il y a des périodes d'accalmies, des zones plus ou moins préservées pendant quelques temps. Mais, virus mutant, la peur/lahaine change parfois peu de forme ( ou de vocabulaire) et ressurgit toujours. Pourquoi ?<br /> <br /> C'est peut-être elle, la blessure originelle ?
Chaque homme dans sa nuit
  • je suis un homme de 48 ans passionné par la théologie, la Bible, la littérature (Julien Green, Mauriac, Proust...) le sport(course à pied, triathlon, rugby...), j'aime les paysages (La Normandie, saint-Malo, Annecy...).
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