Annecy, éveil à la sensualité, Rousseau

31 août 2005

Annecy, éveil à la sensualité, Rousseau

Lundi 22 août. Il pleut sans discontinuer depuis hier après-midi à Manigod. Seuls le grincement d'une grue dans un chantier, et les sonnailles des troupeaux révèlent une vie dans la station engloutie par les nuages. La décison de passer la journée à Annecy me ravit. Je suis fou de cette ville. j'entends déjà les objections: le côté carte postale du vieil Annecy, les canaux , les cygnes, les géraniums, quelque chose de facile, d'un peu factice, la surfréquentation d'un lieu de tourisme de masse, on butte à cette foule qui avance aussi stupide que lente entre les magasins de souvenirs, la rue Sainte Claire devenue une immense terrasse de restaurant où l'on sent le graillon du matin au soir, la frime permanente aux abord de la piste cyclable, les embouteillages des rives du lac. Tout ceci est réel mais ne peut entamer la puissante attraction de cette ville sur moi. Quoi de plus beau par exemple que cette allée du Vassé plantée de platanes, ce canal limpide où des barques doucement colorées sont accostées, où les canards se pourchassent sur une eau peu profonde, cette perspective heureuse sur le lac-un des plus beaux qui soient- et sur les montagnes !

Hier soir je lisais avec la plus grande attention les passages des confessions où Jean-Jacques Rousseau raconte son éveil à la sensualité. Cet éveil est précoce. Rousseau a 10 ou 11 ans, peut-être moins. Il se joue à cet âge qui précède la puberté quelques mouvements inconscients qui dominent ensuite toute la vie intime d'un homme. Rousseau est orphelin de mère et son père l'a laissé à l'éducation du pasteur Lambercier et de la soeur de celui-ci, à Bossey dans le genevois. Le garçon éprouve son premier plaisir sexuel dans une fessée donnée par mlle Lambercier. Cette expérience oriente à jamais ses goûts: Rousseau aime les femmes, exclusivement- la promiscuité masculine le dégoûte- avec une sensibilié très vive; Il aime particulièrement les figures de femmes maternelles: mlle Lambercier "avait l'affection d'une mère", il appellera le grand amour de sa jeunesse, Madame de Warens, "maman". Il recherche des femmes à qui il se soumettra, caractère important, bien plus répandu qu'on ne l'imagine- il suffit de parcourir ces chats d'internet ou tout simplement la rubrique pour adultes de canal blog, où à la faveur de l'anonymat les hommes et les femmes se lâchent. La démocratie et l'égalité ne règnent pas souvent au lit. Rousseau non seulement aime être soumis aux femmes mais sa quête le pousse au masochisme: "car j'avais trouvé dans la douleur, dans la honte même , un mélange de sensualité qui m'avait plus de désir que de crainte de l'éprouver derechef" ,(édition de la Pléïade, Confessions, p15) Et le jeune Rousseau naturellement de ne pas imaginer plus grande félicité que de recevoir la fessée d'une jolie femme.

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