Alfred Döblin, Berlin Alexanderplatz (1)
Après quelques bonnes heures de sommeil, je me lève et découvre notre appartement de Weissensee. Dans toutes les pièces, des bibliothèques. Beaucoup de livres d'Histoire, de littérature, de philosophie. Je suis les rayonnages, reconnais des titres, prends au hasard un volume, en parcours quelques pages, avant d'aller plus loin. Je me sens immédiatement bien dans une maison pleine de livres.
J'ai repéré le roman Berlin Alexanderplatz . J'en commence immédiatement la lecture, allongé sur un canapé. La première phrase est connue: "Er stand vor dem Tor des Tegeler Gefängnisses und war frei". Le prisonnier qui venait de passer quatre années dans la prison de Tegel, le plus grand centre pénitentiaire de l'Allemagne, était incapable de partir. "Er ging nicht". La libération était un moment effroyable (Pourquoi "effroyable" se demandait le détenu qui venait d'être libéré). Döblin raconte avec beaucoup de justesse cette inadaptation radicale du prisonnier élargi au monde extérieur: être exposé de nouveau, l'agression de tout ce monde, de toute cette activité, "die Straffe beginnt" ("la punition commence".)
Je me disais en lisant ces pages que pour certains détenus, la libération après la détention s'avère une double peine!