Charmant Som, Modiano, couloirs du temps
Au sommet du Charmant Som ce jour là, il n'y avait guère que nous et quelques couples d'étudiants. Nous avions à peine mordu dans notre pain, qu'il se mit à pleuvoir dans une atmosphère tout à coup rafraîche. Nous étions à 1867 mètres.
"Les couloirs du temps". L'expression de Modiano rappelle les farces du film les Visiteurs. Nous ne vieillissons pas tous au même rythme. Passé un certain âge, nous le remarquons quand nous croisons les amis de jeunesse et nous faisons ce constat: tous côte à côte, mais chacun dans un corridor de temps différent.
La distance n'est pas seule à séparer les gens. Le temps élève d'invisibles frontières.
Nos propres visages, au gré des émotions, des fatigues, de notre forme, peuvent en un clin d'oeil vieillir et annoncer ce que nous serons bientôt ou bien rajeunir et rappeler ce que nous fûmes. Dans le cas de Boyaval, ces transfigurations se révèlent sinistres et inquiétantes.
La marche du temps. Autre cliché. Les techniques se succèdent, mais pour l'écrivain "ce sont toujours les mêmes mots, les mêmes livres, les mêmes stations de métro".