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Chaque homme dans sa nuit
3 avril 2010

Lièvre de Vatanen

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Le lapin de 1975 n’était pas un géant des Flandres mais un rongeur finlandais, le lièvre de Vatanen. Une amie d’Avranches me prêta le livre d’Arto Paasilinna beaucoup plus tard. Ses premières pages me parurent excellentes : un soir de juin, un journaliste et un photographe heurtent sur une route de Laponie, un lièvre. Ces deux types roulaient, étrangers à la beauté du monde, cyniques donc malheureux !-j’ai toujours détesté le cynisme, c’est le péché contre l’Esprit -L’incident bouleversa la vie d’un des deux hommes et l’entraîna dans une série d’aventures burlesques. Les lapins seraient-il un sésame ouvrant à la beauté de notre terre ?  Ceux que je connaissais en 1975 n’étaient pas la nation de monsieur de La Fontaine trottant sur le thym et la rosée mais des gros rongeurs hébétés qui se goinfraient de choux dans leurs clapiers. L’animal me semblait d’un naturel doux, toujours prêt à s’enfuir au fond de sa loge. Mon père construisait de petits enclos de bois et de fer, sorte de couvercles qu’il déplaçait régulièrement dans le verger. Ainsi le lapin avait-il toujours de l’herbe nouvelle à grignoter. Quand on déplaçait la loge, il ne restait plus qu’un gazon ras et plein de petites crottes noires. Jeannot terminait dans notre assiette, avec des carottes et des petits pois du jardin. Auparavant, il y avait l’exécution : le lapin suspendu, à qui ma débonnaire grand-mère arrachait les yeux. L’animal poussait des cris de bébé. On lui brisait les pieds, on l’écorchait et le dépeçait. Je regardais avec étonnement cette masse translucides aux orbites sanguinolentes, ces boyaux annelés, cette chair qui avait une odeur de sang et d’intestin. Le lapin domestique annonçait plutôt un monde d’enfermement promis à la mort.

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Commentaires
S
J'ai beaucoup aimé le roman d'Arto Paasilinna. J'ai également eu la chance de le voir lors d'une conférence à Caen. Il est arrivé sur scène, tranquille et débonnaire. On lui posait des questions sérieuses et parfois sa traductrice mettait de temps à répondre tant il s'amusait à la faire rire. Et de fait, il amusait toute la salle.<br /> Quand j'étais enfant, mes parents m'achetaient des 33 tours avec des histoires racontées par des grandes voix. J'ai beaucoup écouté celle de Nils Holgersson. C'est beaucoup plus tard que j'ai lu le roman de Selma Lagerlöf, avec lequel j'ai pris un très grand plaisir.
Chaque homme dans sa nuit
  • je suis un homme de 48 ans passionné par la théologie, la Bible, la littérature (Julien Green, Mauriac, Proust...) le sport(course à pied, triathlon, rugby...), j'aime les paysages (La Normandie, saint-Malo, Annecy...).
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