L'eros et l'âge, Banquet(14)

"L'âge où la barbe pousse..."

Platon réclame pour toute société une loi interdisant l'amour(au sens physique) des enfants. Ouf. Si les enfants peuvent avoir une petite vie sexuelle, les adultes ne doivent y avoir aucune part. Je plains les hommes qui ont des désirs pédophiles car ils vivent un enfer. Je plains plus encore les enfants victimes de ces crimes.

Platon évoque ensuite le passage à la puberté. Les hommes athéniens avaient-on le sait-souvent des relations amoureuses avec des adolescents. Je ne juge pas mais je crains que la différence de structure psychique entre cet âge et celui des hommes ou des femmes pleinement adultes ne soit  dangereuse ou au moins joue d'un rapport inégal et défavorable aux jeunes. Prudence donc même si un amour par exemple entre un garçon de 17 ans et une femme de trente ans n'a sans doute rien de condamnable!

Puis viennent la  vingtaine, la trentaine, la quarantaine... Platon semble privilégier les amours intergénérationnels. Notre société impose des modèles beaucoup plus stéréotypés. Si l'opinion regarde avec indulgence le quinquagénaire convoler avec une jeune femme-Les exemples connus ne manquent pas-cette complaisance laisse place à la condamnation quand une femme mûre aime un jeune homme. Pourtant j'ai été témoin à l'armée d'une  magnifique histoire d'amour entre un de mes camarades, un gars de vingt ans et une femme qui en avait plus du double, à la maturité splendide...

Quant à l'amour au troisième âge, c' est dans notre civilisation un incroyable tabou, comme si cet élan puissant de la vie  s'éteignait totalement avec l'âge. Les Grecs n'avaient pas ces frontières étranges. Zeus ou le  "vieux de ma mer" ou encore Socrate au poil blanc poursuivaient encore leurs chasses séductrices envers mortelles et mortels...

Comments

[Lydie]

Très émouvant.

[Marc]

Vous poursuivez ici depuis quelques temps une réflexion autour du Banquet qui ne me laisse pas indifférent. Tout d'abord merci pour votre approche, pédagogique et sereine. Ces pages ont suscité en moi bien des réflexions et d'intenses souvenirs.

L'inégalité de mes amours homosexuelles - je fus le jeune aimé et je crois que c'est par esprit de vengeance (ou par nostalgie du caractère céleste de la relation) que j'ai tenté d'être l'amant plus tard (catastrophique !); puis le territoire terrestre, concret, enraciné de mon amour hétérosexuel, car c'est vrai, je ne peux vivre sous le même toit avec quelqu'un d'autre qu'elle.

La description de l'expérience amoureuse que font les convives du Banquet est un enseignement que j'aurais aimé suivre à dix-huit ans. J'espère qu'il aide un jeune lecteur quelque part.