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Chaque homme dans sa nuit
18 avril 2008

Nourritures d'enfance

Hier, sur la plage Océane, la lecture des Années d'Annie Ernaux a mis en branle mes souvenirs. Que mangeait un enfant d'une famille ouvrière à la fin des années 1960? Des plats simples, bon-marché, qui revenaient avec une régularité monotone. Chaque semaine, le jambon-petits pois en boîte, la côte de porc-nouilles et l'escalope-pommes de terre arrivaient dans l'assiette. Le samedi midi, maman préparait le traditionnel pot au feu en alternance avec le jarret de veau, le samedi soir le chou fleur ou l'artichaut selon la saison. Jamais un dimanche soir sans mouiller les petites tranches de pain dans l'oeuf à la coque. Le conditionnement fut tel qu'aujourd'hui encore j'ai le réflexe ce soir là d'aller chercher les coquetiers dans le buffet. A cette base s'ajoutaient des éléments régionaux: le craquelin sur lequel on étalait du beurre salé ou de la confiture achetée dans de grandes boîtes métallique, la galette de sarrasin avec un oeuf et un bol de lait ribot qui piquait aux lèvres, les châtaignes à la Toussaint, les pommes cuites tout l'hiver, des produits de la mer aussi: la plie, la morue toujours trop salée  malgré les nuits passées dans le seau d'eau, le crabe. Le dimanche midi, notre grand-mère nous recevait et proposait soupe, poulet, crême aux oeufs(plus tard l'entremet Francorusse à la vanille). Dans "les grandes occasions", on mangeait de la macédoine de légumes roulée dans un  cornet de jambon, de la langue de boeuf, du colin, de la salade de fruits en conserve...

A table, il fallait "manger proprement", "ne pas rire comme un imbécile", ne pas se disputer, vider son assiette et la nettoyer avec du pain. Le contrevenant se faisait reprendre ou devait finir son repas sur le paillasson. Je me souviens que la punition nous amusait d'abord mais quand on entendait la minuterie s'enclencher en bas et que nous entendions les pas dans l'escalier, on craignait que nos voisins de palier nous trouvent devant la porte, l'assiette à la main...

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Commentaires
P
la cuisine était, est la seule chose que je portais haut, dont j'étais fier : maman est italienne, elle n'achète pas de pâtes, elle les fait.<br /> <br /> mon père rapportait à la maison les animaux qu'il tuait; nous les goûtions du bout des dents, encouragés en celà par maman qui n'a jamais supporté d'être à ce point délaissée pour un passe-temps qui la - nous - ruinait. Du bout des dents car pendant que nous mâchions, inévitablement, papa racontait l'assassinat, le viseur, la détente, le coup et ces chiennes - que cependant nous adorions - parties déjà.
Chaque homme dans sa nuit
  • je suis un homme de 48 ans passionné par la théologie, la Bible, la littérature (Julien Green, Mauriac, Proust...) le sport(course à pied, triathlon, rugby...), j'aime les paysages (La Normandie, saint-Malo, Annecy...).
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