La graine et le mulet
La graine et le mulet n'a pas le côté irritant d'un film militant. Pourtant tout y porterait: la dureté du système économique, la vie d'une famille maghrébine dans l'Hérault. Ce film est mieux que cela. Abdellatif Kechiche nous donne à travers un récit hyperréaliste une oeuvre d'une grande humanité. Slimane est un immigré de la première génération, la soixantaine usée, un homme qui parle peu... Aidé par une très jeune femme, Rym, il tente d'ouvrir un restaurant de couscous de poisson, d'où le titre: "la graine et le mulet". Ici pas d'angélisme: les adolescents des cîtés peuvent se révéler des gamins sans coeur volant un vélomoteur à un petit vieux et faisant courir ce dernier dans les rues de la ville...Beaucoup de moments sont drôles (la discussion des papys maghébins à la terrasse d'un hôtel) ou attendrissants:cette scène où Rym, la tête appuyée contre la fenêtre, supplie sa mère sur tous les tons d'aller rejoindre Slimane à sa soirée d'inauguration, m'a beaucoup ému.