Liberté grande: de la transition des banlieues
La mort de Julien Gracq m'a poussé à lire quelques poèmes en prose du recueil Liberté grande. Le premier texte dénonce l'espace des banlieues, vues comme de "cancéreuses auréoles" autour des centres urbains. Gracq regrette cet espace de transition entre campagne et ville. Je lui donnerais raison quand on doit traverser ces zones commerciales hideuses aux enseignes criardes. Pourtant j'ai toujours aimé les lieux de transition: les abords de la mer, de la montagne, de la ville. Enfant, quand nous allions voir mon oncle à Saint Denis, je demandais sur la route fort longue à l'époque (cinq heures en 2cv depuis la Bretagne): "Papa, on est arrivé à Paris?". "Presque" me répondait mon père et cette proximité donnait aux choses une saveur unique. "Presque", les piémonts d'une chaîne de montagnes comme les collines au Sud du Gers, le Lannemezan, Pau, Bayonne... Les rias qui annoncent l'océan, les champs de primeurs, les tracteurs que suivent les cris des goélands... Les faubourgs et les trains de banlieue, les forêts et les maisons en pierre de meulière autour de paris...