Antigone de Sophocle(1)

Alors que je lisais hier soir au lit les premières pages d'Antigone de Sophocle, le chagrin est venu se glisser entre les mots grecs qui défilaient sous mes yeux. Le souvenir de la main de papa, celle qui me réchauffait les doigts à la sortie de l'école, celle énergique posée plus tard sur le guidon de son vélo, celle crevassée par le travail à l'usine, celle enfin amaigrie et blessée qui ramenait sur lui ses draps à l'hôpital. Ces souvenirs m'ont brisé le coeur et j'ai pleuré...

Comments

[chaque homme]

Merci Eric, oui vivement vendredi!
Chaque homme

[patrick]

Eric Follain a raison : c'est un bien beau blog que le vôtre et je dirai à "minorité silencieuse" que j'y viens souvent, grâce à lui.

[patrick]

Le souvenir renvoie à la main de mon père, aujourd'hui parfaitement lisse, aux ongles devenus translucides après des années de terre ou de cambouis, aux ongles qu'enfant je vomissais, la main - celle de mon père- qui se sait plus saisir l'anse de la tasse même plus la fourchette qui l'aidera à porter en bouche les purées qu'il avale. Les centres moteurs, nous explique-t-on, perdent leur fonctionnalité : l'homme reste las, assis, béat dans sa chaise mobile. La chaleur d'un baiser de maman lui vaut encore un sourire. Moi, il ne me reconnaît plus, ni ma soeur ou la confond avec l'aînée.

Merci de ses larmes qui, en miroir, me renvoient à celles que je ne parviens pas à verser.