Le persuasif et le vrai, Apologie(1)
Εγω δ ουν καί αυτος υπ αυτων ολίγου εμαντου επελαθομην ουτω πιθανως ελεγον καιτοι αληθες γε ως επος επειν ειρηκασιν.
L'apologie de Socrate s'ouvre par un plaidoyer saisissant du philosophe d'une cinglante ironie: "En écoutant mes accusateurs, j'ai failli oublier qui je suis, tant leurs discours étaient persuasifs. Et pourtant, ils n'ont pas dit un seul mot de vrai..." La vérité n'est pas toujours dans les belles paroles, les discours les mieux agencés. Certaines démonstrations peuvent être tompeuses, le bon sens, illusoire et les préjugés s'avérer erronés. "Le faux peut convaincre" avertit Platon. Les idées les mieux reçues ne sont pas forcément justes. La majorité n'a pas toujours raison et la minorité n'a pas nécessairement tort. Le faux peut même jusqu'à ébranler la conscience du juste. On songe aux erreurs judiciaires ou encore à ces temps politiques troubles où la communication a valeur de programme, où les balivernes réactionnaires emportent l'adhésion des foules. Alors la méditation de Platon apparait un exercice salutaire. Puisque l'erreur est compagne de l'amnésie("j'ai oublié") et de perte d'identité("qui je suis"), il faut redonner du corps à notre pensée, démasquer l'imposture, remettre l'humain dans son histoire et au centre de toute réflexion philosophique, politique ou judiciaire...