Encore Brokeback mountain

Le secret de Brokeback mountain commence à me coûter argent et carburant puisque je suis allé hier soir jusqu'à Retiers, entre Rennes et Angers, pour  le revoir. Ce film sorti le 18 janvier en France, vu par 1,2 million de personnes dans notre pays, quitte chaque semaine un peu plus nos salles. Retrait bien normal mais que je regarde avec nostalgie. Je ne sais si j'achèterai le DVD car rien ne remplace la projection dans un cinéma. Je ne me lasse pas de Brokeback, ce grand livre d'images où je puise tant de réflexions et d'émotions. j'espère ne pas fatiguer les lecteurs de mon blog. J'ai écrit sur mes cahiers journaliers une centaine de pages sur ce film, j'en donnerai encore quelques extraits ici.

Un collègue que j'aime beaucoup au lycée me disait sa relative déception face à un film où les personnages finalement n'étaient pas "très intéressants". L'un conduit des troupeaux -"que fais tu Ennis del mar ? Cet après-midi j'ai castré des veaux"- L'autre vend du matériel agricole. Leur vie passe, entre travail et garde des enfants. Leurs rêves ne sont pas exceptionnels: avoir un ranch et quelques vaches. Ils ont des plaisirs simples: la chasse, le rodéo, les chevaux, les campements en altitude, le sexe. Ils boivent beaucoup(trop). La beauté physique de ces gars, de leurs femmes, de leurs filles est ordinaire. Mais c'est justement ce dépouillement qui me touche le plus dans cette histoire...

Comments

[mouloud]

chacun porte en soi, le secret de Brokeback ! Annie Proulx, une femme nous le révèle. Rien d'étonnant.
Une civilisation sans foi et une termitière, une civilisation sans amour est un cimetière.
La société dans laquelle vivaient Ennis del Mar et Jack était insupportable.
Sur le plan humain et de la société de l'époque leur amour était impossible. Sur le plan divin, cet amour leur a été donné. Ils l'ont incarné du mieux qu'ils ont pu avec diffultés et un attachement au delà du temps et de l'espace.

[Alcib]

Sache que je ne me lasse pas, moi, de lire tes réflexions sur ce film. Je ne l'ai vu qu'une seule fois pour l'instant, et j'ai acheté la nouvelle d'Annie Proulx, que je n'ai lue aussi qu'une fois. La nouvelle m'a permis de clarifier un point ou deux qui étaient restés flous dans mon esprit en sortant du cinéma. J'ai mis en fond d'écran l'image publicitaire que l'on voit le plus souvent et j'écouterais avec plaisir la trame sonore, que je n'ai pas achetée.
Cependant, je ne sais pas si j'ai envie de revoir ce film, malgré la très grande beauté de ses images, du jeu des personnages, etc. C'est un film qui m'a touché énormément, probablement plus que je ne m'y attendais et autrement que je ne m'y attendais. Je lis les commentaires qu'on en a fait un peu partout et je suis pourtant incapable d'en parler moi-même ; j'y arriverais sans doute si j'acceptais de surmonter mes premières réactions de défense... Ce film, au fond, m'est entré dans la chair comme une écharde et il continue de me faire mal... Ce qui me fait le plus mal ? Ces deux vies gâchées, d'abord. La pauvreté, la dureté, la force brutale de cette vie à la campagne... Au fond, la nature est majestueuse, magnifique ; c'est là où sont les hommes que règnent la pauvreté, la misère, les esprits étroits, bornés... Seuls dans la nature, Jack et Ennis sont heureux au fond. Tout ce complique du moment que l'on revient à la... civilisation.