Houellebecq et la femme vieillissante.

Michel Houellebecq a quelque chose à dire même si ce quelque chose déplait, il a des obsessions comme  tout écrivain, il a un style. Il mérite mieux que cette agitation médiatique autour de lui. Après bien des passages irritants, je lis ceci- le narrateur raconte comment, au moment où sa femme enfile un maillot pour aller se baigner dans une plage d'Espagne, il remarque les premières atteintes de l'âge chez sa compagne-:

"je la sentais, au moment où mon regard se posait sur elle, s'affaisser légèrement, comme si elle avait reçu un coup de poing entre les omoplates...La beauté de son visage fin, sensible était de celles qui résistent au temps ; mais son corps, malgré la natation, malgré la danse classique, commençait à subir les premières atteintes de l'âge, atteintes qui, elle ne le savait que trop bien, allaient rapidement s'amplifier... je ne savais pas très bien ce qui se passait alors, sur mon visage, et qui la faisait tant souffrir ; j'aurais beaucoup donné pour l'éviter, car je le répète, je l'aimais.... Je connaissais le regard qu'elle avait ensuite: c'était celui, humble et triste, de l'animal malade, qui s'écarte de quelques pas de la meute, qui pose sa tête sur ses pattes et qui soupire doucement, parce qu'il se sent atteint et qu'il sait qu'il n'aura, de la part de ses congénères, à attendre aucune pitié". La possibilité d'une île, p54-55.

La dernière image, celle de l'animal malade, est très belle mais forcée. Le vieillissement,particulièrement difficile  à vivre et à voir  pour celles et ceux- j'en suis- qui placent très haut(trop haut?) la beauté des corps et des visages, n' emporte pas nécessairement la grâce somptueuse de l'humain, encore moins le désir. Deneuve au tournant de la quarantaine, avait les traits qui s'épaississaient et en même temps sa beauté féminine s'épanouissait formidablement.Beaucoup d'hommes se seraient damnés pour la femme des films de Téchiné alors que la beauté facile de la demoiselle de Rochefort s'oubliait vite. Lorsque l'âge vient, la beauté fait de nouvelles et très sensuelles  apparitions. Le rideau tombe rarement définitivement sur celle qui fut belle, il est des rappels où les applaudissements redoublent. Je crois à la résurrection de la chair.