Dreamers, Bertolucci
Le titre français, Innocents, paraît ironique. L'histoire que filme Bertolucci n'a précisément rien d'innocent. Matthew, un jeune Californien cinéphile, rencontre deux faux jumeaux Théo et Isabelle, à Paris, en mai 1968. Le trio reclus dans un appartement bourgeois boit, fume et joue à des jeux sexuels stimulés par des souvenirs cinématographiques. Le film séduit: Louis Garrel est sombrement attirant, Eva Green d'une incroyable séduction, et Michael Pitt troublant. Le film dérange en plaçant le spectateur dans une position de voyeur de scènes intimes ou décalées comme ce gage où théo doit se masturber face à une affiche de Marlène Dietrich. Le film pose des questions: ces parents largués et impuissants face à la dérive de leurs enfants (laissons quelques billets et prenons la fuite...), le caractère suicidaire de la jouissance à tout prix. Bertoluci semble nous dire par ce pavé qui sauve les jeunes gens de l'asphyxie que le salut est dehors dans l'action et la lutte...