littoral aquitain, Yann Queffelec
Le littoral qui s'étend entre soulac et Boucau a bien des sortilèges. C'est une unique plage d'environ 260km interrompue par le seul bassin d'arcachon , lido rectiligne bordé d'une dune dissymétrique: en pente douce vers l'océan, plus raide vers la pinède. On grimpe vers la mer! Pas de village, encore moins de ville ou de port sur ces rivages, les communes sont vers l'intérieur doublées par des stations qui ne s'animent vraiment que l'été. Juste l'océan, les lacs, la forêt , les trois éléments du littoral aquitain! L'océan immense, sans baie, sans cap, sans île ,houleux d'une houle qui ne rencontre aucun obstacle, se nourrit et se renforce à des milliers de milles. La baignade y est dangereuse du fait des lames, des courants, des baïnes. On y surfe plus qu'on y nage.L'océan attire cependant. La forêt, plantée par des hommes repousse les hommes. Quelques petits puits de pétrole, quelques exploitations de bois ou des postes de surveillance, des terrains militaires, sinon des pins et des pistes de sable. Les estivants ne s'y aventurent pas sauf sur quelques tronçons cyclables. Pour y randonner il ne faut craindre ni les distances, ni la monotonie. j'y ai couru à poil sur des kilomètres avec un pote militaire sans crainte d'être surpris. La forêt n'est guère plus hospitalière que l'océan. L'hiver, je me souviens de cette pignada aux fûts noirs et humides où croassaient des corbeaux .
yann Queffélec situe sur cette côte la fuite de Ludovic dans les noces barbares, prix Goncourt 1985: "il aperçut alors un panneau fléché: l'OCEAN 6km et son coeur battit. Il avait retrouvé la mer"(pas encore sa mère) Plus loin: "il se mit à courir et parvint hors d'haleine en haut de la dune où le spectacle tout puissant des flots l'attendait. Le jour bleuissait, la mer miroitante avait la sérénité d'un firmament...la résine et l'iode l'étordissaient. Il se retourna pour voir l'autre océan, la pinède à perte de vue, sur laquelle ne flottait jamais aucun navire... Le silence était partout, souverain, surnaturel, épousant les cadences voilées du ressac", folio, p283,285. Il faut lire la suite...