Berlin Alexanderplatz, Berliner schlachthof

"Denn es geht dem Menschen wie dem Vieh; wie dies stirbt, so stirbt er auch";

Je me suis réveillé en fin de nuit. Je me suis rendormi. J'ai rêvé de nouveau de mon père. Dans mon cauchemar, papa venait d'être opéré une nouvelle fois. Je lui ai demandé comment il se sentait. Il marchait difficilement devant moi. Je le voyais si maigre...

Je suis resté un peu au lit et j'ai lu cette hallucinante description que donne Alfred Döblin des abattoirs de Berlin. Texte précis et lyrique à la fois.

L'arrivée des cochons: "les drôles de bêtes blanches, les grosses cuisses rigolotes, les queues en tire-bouchon...Voici la lumière, chers petits cochons, voici le sol, furetez donc, cherchez, pour combien de minutes encore... Je vais rentrer par l'autre côté, chers petits cochons, car je suis un homme, je passe par cette porte-là, on se retrouve à l'intérieur.... Dans le brouillard, tu marches dans la salle. Cette épaisse vapeur blanche. Les dalles de pierre sont cannelées humides, sanglantes...."

Je recopie ici la traduction d'Olivier Le Lay qui me paraît excellente.

Döblin donne trois étapes dans la mort des bêtes ici: premier coup de hache, âge physiologique, la tête est sonnée, mais les membres bougent encore, puis  vient la saignée, âge théologique, l'animal ne marche plus sur cette terre, l'âme s'en va avec le sang, enfin, quand les ultimes palpitations s'apaisent, la bête est bonne au découpage, "au bout de la physiologie et de la théologie, la physique commence"....