Réveil à Hendaye. Pourquoi suis-je moi?
Quand nous nous sommes éveillés, il faisait grand jour.
J'ai dormi en short de football comme il m'arrive souvent. J'aime le contact sur la peau de ces grandes culottes du stade, le cordon noué sur le ventre, le polyamide satiné aux couleurs d'une équipe, cette fois les bleus. J'ai caressé dans mes réveils le petit coq brodé.
J'ai pris une photo de moi dans cette tenue, non par coquetterie car j'ai beaucoup maigri ces derniers mois. Il faudra que je reprenne des muscles. Non, ce qui m'importe c'est de savoir qui je suis. Julien Green écrit à peu près cela dans son journal alors que l'écrivain a plus de 90 ans: "il reste en nous une part inconnue, un double qu'avec le temps nous finissons par deviner".
Ce double, cette ombre qui nous suit, les Egyptiens l'appelaient le KA. Au bord du Nil on croyait qu'il grandissait avec chaque être vivant et ne le quittait jamais. Le Ka avait besoin du substrat que formait le corps sinon il se perdait dans l'au-delà, d'où cette obsession des anciens Egyptiens à conserver les momies.
Derrière cette photographie, retrouver sa part inconnue...