Albertine disparue (1)
Les bagages déposés à l'hôtel, la note payée (80 Euros la nuitée), nous prenons un peu de repos sur le lit. Je ne m'endors pas mais lis les premières pages d'Albertine disparue.
On vient d'avertir le narrateur que "Mademoiselle est partie". Cette nouvelle renverse complètement l'état d'esprit du narrateur... Ces premières pages expriment une très fine analyse psychologique.
Nos désirs nous trompent le plus souvent. il croyait vouloir la quitter, mais quand celle-ci s'en va, cette absence lui est intolérable.
Dans les amours les plus heureux, un jour on se pose la même équation que ce texte, pesant les limites inévitables, les frustrations de toute relation suivie avec une femme(ou un homme), en comparaison de toutes les libertés, de tous les autres désirs qu'on pourrait satisfaire sans elle(ou lui). Evidemment ce qu'on pourrait avoir se dessine dans l'imagination sous les traits les plus séducteurs et la réalité conjugale paraît bien terne face à la luxuriance de nos fantaisies... Mais on se trompe. On mésestime la force de ces liens, à commencer par la puissance de l'habitude. "Comme on s'ignore", conclut provisoirement Proust.