Les femmes savantes(1)
Après avoir mangé dans une taverne grecque du côté de Saint-Michel, nous traversons à pied Paris sous une pluie de plus en plus forte . Je conduis une longue file d'adolescents nonchalents et dociles sur des trottoirs ruisselants... Nous arrivons rue du faubourg Montmartre, trempés.
Le théâtre du Nord ouest n'est pas très beau mais on y ressent immédiatement une atmosphère libre et humaniste.
Nous assistons à une représentation des femmes savantes mise en scène par colette Teissedre et Agnieszka Kaprzak. Je retrouve avec joie une pièce de Molière dont j'avais joué le rôle de Clitandre... en classe de troisième! Des tirades entières me reviennent à la mémoire et je les dis mentalement en même temps que les acteurs. J'ai l'impression d'avoir un rôle à jouer dans ce spectacle, ou mieux de participer, humblement et obscurément, à la mise en scène. Mon attention est vigilante, j'attends les répliques, découvre de nouvelles choses crées par le jeu des acteurs, m'interroge aussi sur le sens de certains passages. J'avais refermé le livret des femmes savantes à 16 ans, j'en revois le spectacle à l'âge d'homme. Le texte de Molière me ravit. Les comédiens m'ont paru très bons: la fantasque Bélise, le bonhomme Chrysale, l'impérieuse Philaminte, et ce Trissotin précieux, vaniteux jusqu'à la morgue. La pièce m'a laissé fatigué à force d'attention. Il faisait très chaud. J'étais enthousiaste...