Le temple d'Apollon et le protestant.
Le temple d'Apollon de Corinthe... Quel regard le voyageur d'aujourd'hui porte-t-il sur cet édifice? Un oeil d'esthète devant une architecture dorique dans un site charmant, la curiosité historique pour une cité antique ? Les deux, probablement. Je risque ce midi un autre regard, celui du croyant devant un ce qui a été un lieu de culte...
Je suis chrétien, Réformé, laïc, et en 2009. Autant dire que le choc est grand face à ce témoignage d'une expérience religieuse vieille de 2500 ans!
Trois attitudes seraient possibles:
-le dédain pour une superstition dépassée. Et je suppose que le mépris a été également partagé par de bons esprits, croyants ou libres penseurs, qui se sont succédés ici. "Ici était adorée une idole" disait l'esprit fort, le sourire en coin en se rappelant les histoires un peu osées de ces dieux si humains. "Ici, on sacrifiait à un démon" s'indignait le prêtre en se signant...
-le souci de récupérer à soi les croyances de l'autre. L'héllénisme aurait préparé à tâtons, dans les ténèbres, une vérité que nous avons désormais. Et de scruter parmi les scories d'une religion un peu mêlée, les prémices du christianisme. En somme une ouverture modérée à ces Grecs qui cherchaient la sagesse. Ce mouvement me déplait tout autant que le premier, car il suppose avec une arrogance un peu sotte que notre appréhension de Dieu est complète et définitive...
-l'essai d'un dialogue entre deux mondes de pensée. Je vois toutes les différences mais j'en préssens aussi tout ce qu'il y a de commun, avec cette certitude au fond du coeur que Dieu parle à toutes les cultures...
Je me dis que ces Grecs dans l' appréhension de leurs dieux, n'ont peut-être pas su éviter les dangers d'une fusion du divin dans l'humain. Mais notre monde contemporain n'a t-il pas poussé trop loin la scission entre Dieu et l'homme, entre le spirituel et le naturel?