Paris
Paris a d'abord été pour moi un mythe. Quand j'étais enfant, aller à Paris signifiait rendre visite à mes oncles qui vivaient dans la banlieue nord (Franconville et l'île Saint-Denis). Des séjours entiers s'effectuèrent là-bas, aux portes d'une ville où on n'entrait pas. Mes cousins en vrais banlieusards d'une époque qui ignorait le RER se vantaient de ne pas y mettre les pieds et refusaient avec dédain d'être appelés parisiens. Je me souviens de plusieurs 14 juillet, quand nous suivions à la télévision, depuis les appartements de banlieue, l'arrivée du tour de France sur les champs élysées, à quelques kilomètres de là! Je crois avoir aperçu un jour d'une butte du côté de Sannois l'immense cîté mais je n'en suis plus très sûr. En tous cas je levais les yeux vers les bornes routières qui me faisaient rêver: porte de Clignancourt, porte Maillot, Notre Dame. Je regardais sur les grands ponts métalliques, les trains rouler lourdement vers la gare du Nord. Le petit garçon se construisait par l'imagination un Paris somptueux et inquiétant, une cîté interdite gardée par une ceinture de boulevards. Un jour, papa se trompa en voiture et nous nous engageâmes sur une avenue qui montait vers l'Arc de Triomphe. L'enfant assis sur le siège arrière de la 2cv s'étonnait que ce monument fût si accessible et se pinçait les doigts d'excitation, joie et crainte mêlées...