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Chaque homme dans sa nuit
1 novembre 2006

En méditant le Phédon (1)

Ph_donLa nuit dernière, l'insomnie m'a tiré du lit à 3 heures du matin. J'ai repris le Phédon de Platon et, aidé d'un dictionnaire de grec ancien, j'ai médité ce dialogue. La mort y est présentée comme séparation du corps et de l'âme (psyché) et entrevue comme une délivrance de trois plaisirs indignes du philosophe: celui du manger et du boire, celui de l'amour et celui des soins du corps. Je ne partage nullement ce mépris qui a trop empoisonné le monde occidental. Les plaisirs de la chère et de la chair peuvent réconciler le sage avec lui même et avec les autres. Platon a cependant raison quand il reprend le mot de Philolaos de Crotone ("soma, sema": "le corps (est) tombeau"). Esclave de nos sens, aliénés par nos souffrances, nous sommes  prisonniers d'un corps et alors la mort  serait libératrice...

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Commentaires
H
s'il est question de mepris des plaisirs du corps dans l'oeuvre platonicienne, ce n'est que dans le sens de souligner et d'affirmer la primauté de l'âme mais non dans celui de se priver de tous plaisirs, de tous commerces avec le corps. Platon ne prône jamais la vie ascétique dans ses dialogues, mais toujours une juste mesure, celle permettant à l'âme de s'épanouir de la contemplation de l'eternel, ou comme il dit des essences ou idées éternelles...vous lirez avec profit à ce propos le Philèbe ; cela dit, si j'ai l'air de donner la leçon ici, pardonnez-moi et n'y voyez aucun mépris mais bien plus le désir de partager ce que j'en ai pu apprendre et comprendre, ce qui est d'autant moins évident que ce que l'on nous rabâche de platon n'est pas toujours bien fondé, surtout lorsque l'on découvre sa méfiance, naturelle à mon sens, pour l'écrit - en tant qu'il fige le sens et qu'il ne peut répondre de lui-même comme le ferait son auteur, offrant ainsi le dos aux caprices interprétatifs - et que nous ne connaissons sa pensée que par écrit dont certains sont peut-être apocryphes...<br /> il y en aurais des choses à dire mais je ne peux sérieusement en dire bien plus, alors salut!
A
Platon n'est cependant pas toujours aussi négatif au sujet des plaisirs, il me semble ; ses propos sur la musique, par exemple, sont bien inspirants. Et comme saint Augustin s'est bien imprégné de la pensée de Platon, je me sens plus près d'un saint Augustin que d'un saint Paul, par exemple, dont le fanatisme me rebute.
A
Moi qui suis inculte, je ne sais trop à qui attribuer la paternité de certaines idées et de certains principes qui guident ma vie. Je suis d'accord pour dire qu'il faut apprendre à se libérer des esclavages et à se détacher progressivement des exigences corporelles et matérielles, sans toutefois mettre sa vie en péril ou avoir l'air de la mépriser. Puisque nous sommes vivants, je crois aussi qu'il faut célébrer la vie. Et les doux plaisirs que l'on s'accorde, qu'ils soients de chère ou de chair, sont des hommages que l'on rend à la Création et à la générosité de la Vie ; de plus, ils constituent un avant-goût, une invitation à la Joie qui, elle, n'a besoin d'aucun support matériel ou physique.
D
Je suis d'accord qu'il faut faire cette différence entre le fait de savourer les plaisirs des sens et s'y vautrer sans retenue. Je pense qu'on peut être homme d'esprit et philosophe tout en acceptant aussi notre condition physique et en y prenant plaisir.
Chaque homme dans sa nuit
  • je suis un homme de 48 ans passionné par la théologie, la Bible, la littérature (Julien Green, Mauriac, Proust...) le sport(course à pied, triathlon, rugby...), j'aime les paysages (La Normandie, saint-Malo, Annecy...).
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