frissons de la foule
Je viens de commencer la lecture de l'émouvante correspondance qu'Alfred Dreyfus a échangée avec sa femme au cours de l'Affaire(1894-1906), lettres publiées récemment sous le titre Ecris moi souvent, écris moi longuement. Le 5 janvier 1895 a lieu la fameuse dégradation du capitaine, dans la cour de l'école militaire. Dreyfus écrit:
"Je me demandais ce que je faisais là, pourquoi j'étais là...J'entendis les hurlements d'une foule abusée, je sentis le frisson qui la faisait vibrer, puisqu'on lui présentait un homme condamné à la trahison, et j'essayai de faire passer dans cette foule un autre frisson, celui de mon innocence... A leur place je n'aurais pas non plus pu contenir mon mépris à la vue d'un officier qu'on leur disait être traître... mais hélas, c'est là ce qu'il y a de tragique, c'est que ce traître, ce n'est pas moi".